Méthanisation : réguler pour un développement raisonné
29 sept. 2021
L’essor de la filière de la méthanisation suscite désormais des controverses. C’est en 2013 qu’est lancé le plan 1000 méthaniseurs à la ferme en 2020. Avec des mesures incitatives pour accélérer les investissements dans les énergies renouvelables, sous la forme de subventions et de tarifs de rachat généreux, les unités de méthanisation ont fleuri dans les campagnes.
La méthanisation est, a priori, fondée sur une approche vertueuse. Cette technologie repose sur la dégradation de déchets organiques, en particulier les effluents d’élevage, pour produire du biogaz, de la chaleur ou de l’électricité. De la couverture de fosses à la méthanisation collective, il existe plusieurs modèles de méthanisation complémentaires.
Pour l’environnement, elle participe à la fois à valorisation de déchets dans une logique d’économie circulaire, à la réduction de gaz à effet de serre avec la captation de méthane, et au mix énergétique de la France. La loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte de 2015 fixe un objectif de 32% d’énergies renouvelables dans la consommation d’ici 2030. La réduction de notre dépendance aux énergies fossiles est un enjeu stratégique pour notre souveraineté.
Pour le monde agricole, elle permet de diversifier les revenus, ce qui ne doit pas cacher la problématique de la juste rémunération du cœur de métier des agriculteurs : la vente des productions à un prix suffisant face aux intermédiaires et à la grande distribution. Elle favorise aussi l’autonomie et la résilience des exploitations agricoles, en réduisant la facture énergétique, en vendant l’énergie produite et en fertilisant les sols avec le digestat, ce qui limite les dépenses liées à l’achat d’engrais chimiques.
Alors même que la France avait renoncé à l’exemple allemand caractérisé par une industrialisation et l’expansion des cultures énergétiques, force est de constater que la méthanisation implique des risques potentiels et induit des dérives. C’est le cas des accidents, de la concurrence entre production alimentaire et énergétique alors que la terre a d’abord une vocation nourricière, de la spéculation foncière ou de l’inflation du prix des cultures destinées au bétail.
Face à ce constat, l’enjeu consiste à mieux réguler cette filière utile à la transition énergétique pour promouvoir un développement raisonné, ancré dans la diversité des territoires et mieux accepté par les citoyens. Voici donc des propositions qui sont le fruit d’un travail avec de nombreux acteurs :
> Renforcer la sécurité des installations pour prévenir les risques de pollution de l’eau et des sols, d’incendie et d’explosion, en rendant obligatoire une astreinte sur site.
> Multiplier le nombre et la fréquence des contrôles des unités de méthanisation sur place et sur pièces après leur mise en fonctionnement, en particulier en termes de sécurité et d’approvisionnement. L’augmentation des moyens humains et matériels des services de l’Etat est donc une nécessité.
> Réduire progressivement les tarifs de rachat alors que la filière arrive à maturité et que la maîtrise de la dépense publique est une exigence.