Pass Sport : la santé de nos enfants doit passer avant la rigueur budgétaire
12 juil. 2025
Avec 110 parlementaires socialistes, nous avons cosigné une tribune publiée dans Libération le 12 juillet 2025 pour dénoncer la réduction drastique du périmètre du Pass Sport.
"Alors que les inscriptions dans les clubs et associations sportives sont déjà ouvertes en vue de la saison 2025-2026, le ministère des Sports a annoncé le mardi 24 juin, devant l’Agence nationale du sport, une réduction drastique du périmètre du Pass Sport, en limitant significativement le nombre de jeunes qui pourront en bénéficier.
Cette aide de 50 euros à la prise d’une licence sportive, qui visait à encourager l’activité physique de notre jeunesse, était jusque-là ouverte aux enfants de 6 à 18 ans, sous conditions de ressources. Elle ne s’adressera désormais plus qu’aux enfants de 14 à 18 ans sous conditions de ressources, générant une économie estimée à 40 millions d’euros sur une enveloppe annuelle de 100 millions d’euros.
Ainsi, c’est près de trois millions d’enfants issus de foyers précaires qui vont être exclus de cette allocation, à l’heure où 37 % des enfants de 6 à 10 ans ne respectent pas les recommandations de l’OMS en matière d’activité physique, avec des inégalités très marquées en fonction des revenus des parents.
L'activité physique diminue l'anxiété
Nos enfants ont besoin de faire du sport, comme ils ont besoin de bien manger ou de bien dormir. Ils en ont besoin pour leur tête : l’activité physique diminue l’anxiété, aide à prévenir la dépression et accroît le développement neuronal. Ils en ont évidemment besoin pour leur corps : le sport prévient l’apparition d’un très grand nombre de maladies, comme le diabète ou des maladies cardiaques et prévient le surpoids, quand un enfant sur cinq de 2 à 7 ans est en situation d’obésité.
Réduire l’accès des enfants au sport ne devrait donc pas être décidé de façon inconséquente.
Pourtant, une nouvelle fois, la pratique sportive des plus jeunes est la victime des coupes budgétaires du gouvernement, en dépit d’ailleurs de toute rationalité, puisqu’on estime que 1 euro investi dans le sport génère une économie directe ou indirecte des dépenses publiques de 13 euros au minimum. Face à cela, le gouvernement préfère la politique d’un «stop-and-go» brutal pour des politiques publiques sportives ou jeunesse (service civique, pass culture…) ayant prouvé leur efficacité, une pratique insupportable pour les acteurs associatifs de terrain.
Le Pass Sport devrait être pérennisé et universalité
Concernant le devenir du Pass Sport, d’autres propositions sont sur la table. En janvier dernier, le groupe socialiste à l’Assemblée nationale présentait dans sa journée d’initiative parlementaire une proposition de loi, financée, qui visait à pérenniser et universaliser le Pass Sport, en prévoyant un montant à 75 euros pour tous les enfants de 3 à 18 ans et un montant bonifié à 150 euros pour les enfants et adultes handicapés jusqu’à 30 ans, les étudiants boursiers ainsi que les enfants de 3 à 18 ans dont les parents perçoivent l’allocation de rentrée scolaire.
Plutôt que de prendre le sport comme une marge budgétaire ajustable, cette proposition visait à ouvrir le sport et investir dans notre jeunesse et sa santé.
A l’inverse, la décision prise par le ministère des Sports est irresponsable d’un point de vue sanitaire, infondée d’un point de vue budgétaire, désolante d’un point de vue moral. Un an après les Jeux olympiques et paralympiques, l’absence de toute loi sur l’héritage et le détricotage successif des politiques publiques en faveur du sport sont incompréhensibles.
Nous, parlementaires socialistes, appelons donc le gouvernement à revenir sur sa décision et à lancer un débat parlementaire sur la sédentarité de nos enfants et l’accessibilité du sport.
A l’heure où notre jeunesse a besoin de plus d’activité physique et sportive, de lien, d’espoir et de santé, réduire le Pass Sport, c’est priver des millions d’enfants de la possibilité de grandir en bonne santé. Nous n’acceptons pas ce recul. Nous demandons des choix à la hauteur de notre jeunesse, pas des économies sur son dos".
Les premiers signataires : Thierry Sother Député du Bas-Rhin, Boris Vallaud Député des Landes et président du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, Patrick Kanner Sénateur du Nord et président du groupe Socialiste, Ecologiste et Républicain, Fatiha Keloua-Hachi Députée de la Seine-Saint-Denis et présidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, Jean-Jacques Lozach Sénateur de la Creuse, Yan Chantrel Sénateur des Français établis hors de France, Pierrick Courbon Député de la Loire, Emmanuel Grégoire Député de Paris, Ayda Hadizadeh Députée du Val-d’Oise, Laurence Harribey Sénatrice de la Gironde, Florence Hérouin-Léautey Députée de la Seine-Maritime, Céline Hervieu Députée de Paris, Marie-Pierre Monier Sénatrice de la Drôme, Christophe Proença Député du Lot, Sylvie Robert Sénatrice de l’Ille-et-Vilaine, Claudia Rouaux Députée de l’Ille-et-Vilaine, Adel Ziane Sénateur de la Seine-Saint-Denis, Régis Juanico Député honoraire de la Loire.
Lien vers la tribune dans Libération :
https://www.liberation.fr/idees-et-debats/tribunes/pass-sport-la-sante-de-nos-enfants-doit-passer-avant-la-rigueur-budgetaire-20250712_U24HR3G5XFGH7I4MTGYHL4ORPE/